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Il y a quelque chose de pourri dans ce rêve
8 février 2011

Lumière diffuse agonisant jusqu'à la tombée de la nuit

Sous une lumière crépusculaire, au milieu de l'hiver, j'ai trouvé en moi un invincible été. Ainsi assis, impassible sur le rebord froid d'un banc perdu, je guette la venue d'un jour nouveau où le beau temps perdure. Je me protège du vacarme ambiant, sous le brouillard calme de ma cigarette je me refuge. J'entends un mélodieux boucan, sous le déluge les chants restent et les oiseaux foutent le camp. Sur ce merveilleux réceptacle en pierre, mes yeux assistent  au crapuleux spectacle de la vie. C'est le spleen, je parie, qui circule lentement et se faufile face contre terre, répandant sa misère. Ma clope arrive au bout du rouleau, et déjà je me sens comme dans un fourneau. En face de moi, pour me distraire, trois jeunes gens s'agitent en esquissant de grands gestes et en piaulant désespérément. La fille qui se montre de dos laisse apparaître une chevelure soignée, d'un blond intense, rivalisant avec l'éclat du soleil hivernal. Sa silhouette discrète et sa posture distinguée permettent la comparaison avec une majestueuse mésange. L'anonymat du visage renforce le côté mystérieux de cette inconnue. La personne à deux pas d'elle semble plutôt nerveuse et tendue. Son attitude désenchantée et ses mouvements frénétiques annoncent à tout moment l'arrivée du tonnerre. Heureusement, cette personnalité tempétueuse paraît être contrebalancée par le calme et le silence du troisième individu. Ce personnage me fait penser à un pachyderme avec ses immenses oreilles et ses membres opulents. La passivité de cette montagne de graisse me répugne énormément. Je me demande alors s'ils ont remarqué ma présence et s'ils fabulent de moi. Peut-être suis-je assimilé à un renard ou un corbeau. Peu importe, le violent bruit d'une automobile a porté mon intérêt sur la rue d'à côté. Pour faire la transition, je saisis ma bière et la porte machinalement vers ma bouche, puis me remet à ma besogne d'observateur noyé sous la houle. À peine le temps de décortiquer la chaussée adjacente et ses passants, que quelqu'un m'enlève à mes rêveries. Je me retourne brusquement, rentrant ainsi dans le dialogue avec maladresse. Cette personne m'adresse un sourire rayonnant pour m'apaiser, m'éblouissant presque par sa sérénité. Ses yeux d'un bleu océanique, dissimulés sous une frange douce et franche, me dévisagent et me fixent. Mon regard se détourne gêné et tombe sur sa poitrine délicate, recouverte d'un léger haut J'envisage alors secrètement de l'embrasser sans connaître son prénom. Je renonce finalement d'embraser la tanière du démon, que je ne dénomme pas encore. On s'échange donc des mots, sans faire des tonnes, rien qui étonne, rien qui sonne faux , s'accrochant à notre saxophone, parlant déjà de l'été comme si c'était l'automne. Le soleil disparaît pas à pas au loin, faisant peu à peu place à un ciel disparate et éteint. On s'étend sous un bel arbre, s'éloignant de cette ville de marbre, s'oubliant à cette vie de m----.

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