Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Il y a quelque chose de pourri dans ce rêve

9 février 2011

Un Mercredi soir comme un autre

Par une soirée pluvieuse, Damon enfile son imperméable délabré, s'arme de son vieux parapluie, prêt à s'enfoncer dans la jungle de la nuit. Il vérifie l'état de sa bourse qui s'allège de jour en jour. Ce soir, le jeune homme ne doit voir personne en particulier, espérant rencontrer ainsi de nouveaux visages et entendre un concert de voix inédit. Ne faisant nullement attention au temps et à l'heure actuels, il se glisse à la manière d'un crooner rentrant en scène. Le ciel leste des cordes d'eau abondamment sur la chaussée restée longtemps sèche. Entre les fines gouttes d'eaux, la lumière diffuse des lampadaires traverse de long en large la rue sombre. Une sensation de liberté l'envahit soudainement et lui donne envie de chantonner sous la pluie froide. Gardant finalement ce petit plaisir pour plus tard, il entame sa marche nocturne. Durant sa flânerie, les bruits et les ombres sortant des appartements l'accompagne dans ses pensées. Damon arrive enfin au centre-ville après l'équivalent d'au moins mille pas. La place principale est submergée par des gens divers horizons, certains criant à tue-tête, d'autres se contentant de se promener entre les badauds. C'est fantastique toutes ces personnes libres, pense-t-il tout haut. Son regard s'attarde longuement sur le décor théâtrale de la ville et sur les acteurs de la pièce, sous les projecteurs des luminaires et devant un public anonyme. Il se retient d'applaudir bruyamment lorsque l'un des protagonistes se prend les pieds en voulant descendre le trottoir.

Le sourire au lèvres, Damon entreprend enfin d'ouvrir la porte de son bistro préféré, "Chez Henri". À peine franchi le pas de l'entrée, une atmosphère kafkaïenne l'enveloppe comme une couverture. L'homme barbu derrière le bar le reconnaît et l'interpelle avec enthousiasme. Salut Damoniaque! longtemps pas vu! Il se permet en effet de surnommer Damon de la sorte depuis le premier jour où celui-ci mit les pieds dans ce troquet. Salut vieux Henri, ouais, ça fait un bail! comment ça va? Sans attendre la réponse, le jeune homme se dirige hâtivement vers sa table favorite, ayant remarqué dans le coin deux personnages qui guettaient l'endroit, la salive dégoulinant de leur bouche. Il s'assied avec soulagement, déboutonne lentement sa veste, étalant des gouttes d'eau sur la moitié de la surface de la table, et se frotte frénétiquement les cheveux trempés. Henri! apporte-moi un verre de cognac glacé! La route m'a terriblement fatigué. Son cri fait écho dans toute la pièce et parvient aux oreilles de tous les clients. L'un d'entre eux se retourne, ses yeux se portant en direction de Damon. Ah mais je me disais bien que c'était toi! Un tantinet surpris, nôtre flâneur hésite quelques secondes avant de reconnaître l'individu. Mon cher Heinrich, toutes mes excuses, la noirceur du lieu m'a dissimulé ton visage. La fin de sa phrase est ponctuée par l'arrivée de l 'eau-de-vie. Viens donc me tenir compagnie et parlons de la belle époque, s'exclame Damon. L'ami de longue date, rencontré à Berlin, accepte la proposition et trimbale sa bouteille de pinard jusqu'au fond de la salle, sortant Damon de sa solitude.

Hé bien t'as pas pris une ride mon gars, dit Heinrich en guise d'introduction, suivi d'une succession de questions banales que l'on pose pour être sympathique. Oui, j'écris toujours, et avec amour maintenant. J'ai en effet parcouru le monde, traversé des déserts, gravi des montagnes enneigés, me heurtant à des populations étrangères à mon existence. Ceci expliquant mon absence depuis quelques temps. Et toi, vieux loup, tu travailles toujours dans les forêts? En l'interrogeant à son tour, Damon se décharge des explications sur sa vie, attendant d'abattre les autres péripéties plus loin dans la conversation. Son interlocuteur, vraisemblablement animé par le besoin de confidence, lui fit tendre les esgourdes jusqu'à atteindre l'ennui. Notre jeune ami, qui pour passer le temps a déjà bu son verre d'alcool, cherche en vain du regard à se dégager du monologue de l'allemand. Le dialogue auquel il s'est engagé ne prit fin qu'au bout de une heure. C'est en tout cas le temps estimé par Damon bien qu'il ne voulait pas accorder de l 'importance à l'heure ce soir-là, raison pour laquelle il ne porte pas de montre. D'ailleurs, s'il s'en souvient bien, il n'en a jamais eu.

Je t'en sers un autre Satanas? La voix du vieux Henri sort brusquement Damon de sa léthargie. Oui volontier, mais avec au moins sept glaçons cette fois, rétorque-t-il. Après encore quelques verres, l'ambiance devient presque surréaliste, le brouhaha du bistrot brouille les sens du client solitaire, qui voit ses jambes l'emporter vers des inconnus et sa mâchoire s'ouvrir et se fermer pour en faire sortir des sons. Lorsqu'il fut soûlé de palabrer à toutes ces personnes qu'il méprise au fond de lui, il s'en va aux cabinets se soulager. Alors qu'il dégourdit sa vessie, une pomme lui tombe sauvagement sur la tête. Heureusement, pense-t-il, que j'ai déjà fortement mal au crâne. Tout à coup, Damon se rend compte qu'il est complètement mouillé du nez jusqu'aux orteils. Sans paniquer, il tend immédiatement au-dessus de lui une énorme branche ornée de quelques feuilles. Puis, après s'être mis à l'abri, notre ami s'intéresse maintenant à une vache qui se trouve à quelques mètres de lui seulement. Il décide de l'appeler Marguerite et cherche à l'approcher. L'animal prend évidemment peur et s'éloigne de la bête. À la seule lueur de la lune, Damon ne distingue qu'une masse informe se mouvant vers les ténèbres.

Hey Damon, tu fais quoi? laisse cette vache tranquille et viens te protéger sous cet abri! Cette exclamation fait sursauter le bonhomme trempé. Lorsqu'il se retrouve enfin à côté de celui qu'on appelle le Manchot, en raison de son handicap, Damon constate que celui-ci fume un spliff en toute décontraction. Dis moi Jean-Jacques, demande Damon en regardant le joint, penses-tu que les peines et les désirs des sens sont le germe productif de tout sentiment? ". L'autre répond nonchalamment. Nul être matériel n'est actif par lui-même, et moi je le suis. On a beau me disputer cela, je le sens, et ce sentiment qui me parle est plus fort que la raison qui le combat. J'ai un corps sur lequel les autres agissent et qui agit sur eux ; cette action réciproque n'est pas douteuse ; mais ma volonté est indépendante de mes sons je consens ou je résiste, je, succombe ou je suis vainqueur, et je sens parfaitement en moi-même quand je fais ce que j'ai voulu faire, ou quand je ne puis que céder à mes passions. J'ai toujours la puissance de vouloir, non la force d'exécuter. Quand je me livre aux tentations, j'agis selon l'impulsion des objets externes. Quand je me reproche cette faiblesse, je n'écoute que ma volonté ; je suis esclave par mes vices et libre par mes remords ; le sentiment de ma liberté ne s'efface en moi que quand je me déprave ; et que j'empêche enfin la voix de l'âme de s'élever contre la loi du corps. Après avoir à son tour pris quelques lattes, Damon prend congé du drôle d'oiseau tout en le remerciant chaleureusement pour la discussion. Sous une pluie toujours battante, il  enfile son imperméable délabré, s'arme de son vieux parapluie, prêt à s'enfoncer dans la jungle de la nuit.

Publicité
Publicité
8 février 2011

Lumière diffuse agonisant jusqu'à la tombée de la nuit

Sous une lumière crépusculaire, au milieu de l'hiver, j'ai trouvé en moi un invincible été. Ainsi assis, impassible sur le rebord froid d'un banc perdu, je guette la venue d'un jour nouveau où le beau temps perdure. Je me protège du vacarme ambiant, sous le brouillard calme de ma cigarette je me refuge. J'entends un mélodieux boucan, sous le déluge les chants restent et les oiseaux foutent le camp. Sur ce merveilleux réceptacle en pierre, mes yeux assistent  au crapuleux spectacle de la vie. C'est le spleen, je parie, qui circule lentement et se faufile face contre terre, répandant sa misère. Ma clope arrive au bout du rouleau, et déjà je me sens comme dans un fourneau. En face de moi, pour me distraire, trois jeunes gens s'agitent en esquissant de grands gestes et en piaulant désespérément. La fille qui se montre de dos laisse apparaître une chevelure soignée, d'un blond intense, rivalisant avec l'éclat du soleil hivernal. Sa silhouette discrète et sa posture distinguée permettent la comparaison avec une majestueuse mésange. L'anonymat du visage renforce le côté mystérieux de cette inconnue. La personne à deux pas d'elle semble plutôt nerveuse et tendue. Son attitude désenchantée et ses mouvements frénétiques annoncent à tout moment l'arrivée du tonnerre. Heureusement, cette personnalité tempétueuse paraît être contrebalancée par le calme et le silence du troisième individu. Ce personnage me fait penser à un pachyderme avec ses immenses oreilles et ses membres opulents. La passivité de cette montagne de graisse me répugne énormément. Je me demande alors s'ils ont remarqué ma présence et s'ils fabulent de moi. Peut-être suis-je assimilé à un renard ou un corbeau. Peu importe, le violent bruit d'une automobile a porté mon intérêt sur la rue d'à côté. Pour faire la transition, je saisis ma bière et la porte machinalement vers ma bouche, puis me remet à ma besogne d'observateur noyé sous la houle. À peine le temps de décortiquer la chaussée adjacente et ses passants, que quelqu'un m'enlève à mes rêveries. Je me retourne brusquement, rentrant ainsi dans le dialogue avec maladresse. Cette personne m'adresse un sourire rayonnant pour m'apaiser, m'éblouissant presque par sa sérénité. Ses yeux d'un bleu océanique, dissimulés sous une frange douce et franche, me dévisagent et me fixent. Mon regard se détourne gêné et tombe sur sa poitrine délicate, recouverte d'un léger haut J'envisage alors secrètement de l'embrasser sans connaître son prénom. Je renonce finalement d'embraser la tanière du démon, que je ne dénomme pas encore. On s'échange donc des mots, sans faire des tonnes, rien qui étonne, rien qui sonne faux , s'accrochant à notre saxophone, parlant déjà de l'été comme si c'était l'automne. Le soleil disparaît pas à pas au loin, faisant peu à peu place à un ciel disparate et éteint. On s'étend sous un bel arbre, s'éloignant de cette ville de marbre, s'oubliant à cette vie de m----.

30 août 2010

Il saisit la pomme et dévore doucement sa chair

Il saisit la pomme et dévore doucement sa chair comme un lion mange une salade. Il se ballade, la jette délicatement au sol des lamentations. Sans se poser de questions sur la raison de son geste indigeste. Sa lucidité vacille au profit de son subconscient.

Aujourd'hui, son père est mort. Il se sent étranger à cette nouvelle, mais je sais qu'il aime lire Camus. D'ailleurs il s'en amuse comme un camé de littérature. J'écris moi sans ratures, malmené par mes envies de poésies. Damon me l'a reproché. Seule une trace indélébile et pleine de vibrations lui convient. On s'était rencontré au milieu de nulle part, sur la colline à côté du saule pleureur. Ce jour-là, je n'avais aucune inspiration. Lorsque j'atteignis enfn le banc blanc, sous les branches verdoyantes, il avait déjà fini sa phrase. Naturellement, j'ai entamé la conversation et nous avons écouté longuement.

31 mai 2010

Quel plaisir de se savoir anonyme. L'intimité

Quel plaisir de se savoir anonyme. L'intimité jusqu'à la rencontre des haleines, et le croisement gêné des regards. L'urbanisme et sa densité implique de côtoyer des milliers de visages inconnus, de sentir leurs odeurs, d'entendre leur voix, d'accepter d'être observé. La barrière physique n'est pas le dernier obstacle, ni le dernier refuge. L'ultime endroit secret reste l'esprit, dans lequel se cachent un grand nombre de souvenirs, de pensées et d'information.

Tout en marchant, Damon continue à réfléchir à sa condition d'anonyme. Il repense à ce passage chez Franz Kafka, où le narrateur rencontre un homme qui se roule parterre. En passant devant un bar qui semble être un repaire d'hommes vertueux, il est soudainement frappé par une pierre brillante. Son étonnement grandit lorsqu'il crut comprendre ce qui s'était passé. Une scène morbide par un bel après-midi. Du sang coulait abondamment sur le sol de brique pour mieux se jeter dans le fleuve. Etait-ce son rouge? Il n'en savait rien. L'éblouissement de la pierre l'avait peut-être désorienté. Il tenait ce caillou dans sa main gauche, croyant avoir saisi le problème. Lorsqu'il ouvrit les doigts, seule une pomme sur sa paume reposait.

Il garde les pieds sur terre.





7 mars 2010

Le rêve surréaliste n'aura pas lieu. André Breton

Le rêve surréaliste n'aura pas lieu. André Breton le savait.

Damon aussi, et il marche encore dans le froid, un jour de plus, un jour de pluie. Comme Patiko, le personnage de sa nouvelle nouvelle, il se laisse entraîner par ses jambes. Ses jambes s'entraînent et il les suit attaché à une laisse. Se promener puis se poser, s'étonner et comprendre ce tonnerre de proses. Il rêve sa réalité, réalise ses rêveries, rit de ses rêvasseries, se réveille et veille à ce que son rêve reste éveillé. Un rêve est un regard plongé dans l’infini disait l'ami Breton, bretelles remontées. Alors que Alfred de Musset, bref comme un renard, songeait que la vie est un sommeil et que l'amour en est le rêve. Damon propose que l'amour soit un regard plongé dans l'infini. Il se couche sur le dos et regarde le ciel. Chaque jour, le ciel est différent, d'un bleu limpide à un rouge sanglant, parfois orangée comme un fruit, ou sombre pour une nuit, gris en ce jour de pluie, hier d'un serein blanc annonçant son changement.

Publicité
Publicité
20 novembre 2009

L'histoire de Patiko, illustre personnage

Patiko marche depuis plus de trois mois dans ce désert irrespirable. Il ne trouve pas l'inspiration et rampe sur le sol craquelé et sablonneux. Un bruit retentit depuis le sol et surgit comme la foudre. Une bête énorme faisant plus de six mètres de haut et au moins quatre fois plus grand de long. Des poils immenses partent du haut de son dos, exactement où se trouve la pointe, et retombent bêtement sur sa masse. Une odeur formidable saisit Patiko aux narines pour mieux le transpercer jusqu'au ventre. Il est piégé dans ce monde de canicule, promettant de ne pas se laisser envahir par le souffle du vent. Son regard perdu ne le laisse qu'à lui-même. Personne pour capter ses yeux à part ce monstre devant lui. Cette bête terrifiante semble venir directement de l'enfer, tellement son aspect est cauchemardesque. Vision fantasmagorique teintée de rêves fabuleux et d'apparitions exceptionnelles. Cette exclusivité, Patiko peut la ressentir très fortement. Quasiment un cadavre, il s'exquise devant sa condition et fait face à sa situation. Il accepte d'être couché sur le sol à la merci de l'affreuse chose. L'animal s'élance dans un terrible grognement, la bouche pleine de dents pointues comme des épées.

Patiko marche tranquillement depuis plusieurs mois et se sourit. En effet, il se sourit de sa vie. Quelle joie d'être ainsi chanceux. Le bonheur l'envahit à l'idée qu'il accomplira ses rêves. Le sable sous ses pieds est si chaud. Cette chaleur n'est pas celle d'un four mais celle d'une couverture. Une sensation de bien-être le fait fonctionner naturellement. Apaisé et l'esprit détendu, il comprend la necessité d'être maître de lui-même. En même temps, il apprécie le subconscient et son mécanisme irrationnel. Cet automatisme est extraordinaire pense-t-il. Ce silence qui laisse place à une mélodie cachée, enfouie et lointaine, l'accompagne dans son voyage.Le soleil brille et le ciel est bleu, se dit-il, peut-être est-ce là le début de queque chose de beau. Rien ne laisse croire dans son attitude qu'il fasse aussi mystérieux. L'attitude du ciel ne présage aucunement un danger.

Lorsque Patiko reprend conscience, il s'étourdit quelques secondes et essaie de remettre de l'ordre dans les événements. Et rassemble ses dernières forces et titube en direction de l'horizon. Après un temps indéfini, il se prit le ventre qui commence à gargouiller. Des cris du néant dans un désert sonore. Cette étendu est impressionnante de par ses dimensions et sa monumentalité. Un vide dans un néant infini qui coule de tout les côtés et qui n'est nullement tenu. Patiko marche depuis plus de trois mois dans ce désert irrespirable. Quel cycle infernal.

19 novembre 2009

Le silence de ces espaces infinis m'effraie.

Le silence de ces espaces infinis m'effraie. Blaise Pascal. Que veut-dire cet homme dans cette phrase? A ce moment-là il pensait à sa situation et tant qu'être humain, qui prenait conscience de son existence. Il pensait également à cet infini qui se révélait être la synthèse de ces inconnues. Ces choses qui nous dépassent et qui nous fascinent. Il avait compris à quel point il était petit dans ce monde. La place qu'il occupait était si minime par rapport à ces espaces infinis. Et pourquoi le silence dans ce cas? Un espace fait-il du bruit? Sa conception était absolument abstraite de cet espace mystérieux, imperceptible, quasi inaudible. Pourquoi était-il effrayé? Ce mot perd ici tout son sens et devient un verbe sensationnel. On ressent le mot. Il nous évoque quelque chose.

Lorsque Sartre dit que L'enfer c'est les autres, le miroir était brisé. Il avait percé le mystère de l'Homme. Un monde où on semble tous être celui que les autres croient qu'on est. On réagit par rapport aux autres. Le philosophe ici ne souhaite pas critiquer les autres. Ce n'est pas eux l'enfer mais notre prise de conscience et tant qu'individu. En effet, si on prend conscience de notre existence, je pense donc je suis, on devient observateur ou observé. Observateur pour ne pas dire analyste. On peut aussi être observateur passif. C'est-à-dire qu'on regarde mais qu'on ne voit pas. Observé est cette sensation qu'on croit ressentir. En réalité, cet situation n'existe pas.
Pour être plus clair, lorsqu'on se sent obervé on réagit différemment et à contre-nature, on devient pour ainsi dire un pseudo. On veut montrer le meilleur de nous sous un masque de fer brûlant. La partie la plus intime de soi que personne ne pourra jamais connaître. Ce qu'on appelle le secret. Cette condition est la plus apaisante. En tant qu'observateur on n'est pas non plus à l'abri. En effet, on regarde et on se pose des questions. Il y a trop de choses qu'on ne comprend pas. On jette un oeil critique sur ce qui nous entoure. Et pour certains, on découvre l'absurde. Cette particularité qu'a l'absurde c'est de nous mener nulle part. On vit selon des conditions, régis par des contraintes, tenus par des facteurs externes, directs. L'absurde est le dernier lieu de recueil intime et ultime de notre existence.

texte de 22h44

27 juillet 2009

Lettre de Mélinée: Cher Damon, Je n'ai cessé de

Lettre de Mélinée:

Cher Damon,

Je n'ai cessé de versé de larmes en lisant ta lettre tellement innattendue. Je l'ai relue plusieurs fois comme une chanson que je voulais apprendre par coeur. Ce ne fut pas facile, étant donné que la feuille est trempé du torrent de joie qui s'est écoulé.

J'aimerais que tu saches que je ne t'en veux pas, et surtout que je n'ai pas arrêté de penser à toi toutes ces saisons passées. Tu me manques également beaucoup, et bien plus que ça. Je me demandais tous les jours où tu pouvais te trouver et pourquoi est-tu parti ainsi. Je te connais peut-être aussi bien que toi tu me connais. Et pourtant, lorsqu'on ne se connaît plus, les autres ne peuvent être que déboussolés. Mais je ne t'écris pas pour des reproches. Les mots viennent tous seuls, c'est toi qui me l'a appris.

Je sais qu'entre nous, les choses n'ont pas toujours été faciles. J'ai l'impression d'un jeu de cache-cache où l'un a les yeux bandés, et l'autre est en train de courir. Il aura fallu que le coureur crie pour que l'autre le repère. Beaucoup de temps est passé, et de l'eau salée a coulé sous les ponts. Je souhaite de tout mon coeur te revoir prochainement, avant que nos mémoires s'évanouissent et que nos souvenirs communs périssent. Tu te rappelles de cette citation qu'on a attrapé une fois ensemble? " Ecrire pour abréger le temps". Comme si celui-ci était notre ennemi, alors ne le laissons pas se développer plus. J'écris et j'en oublis moi aussi l'essentiel, oui je vais bien et j'espère que tu vas bien aussi.

Avec toute mon affection

ta Mélinée

27 juillet 2009

Il entreprit un jour de juillet d'écrire des

Il entreprit un jour de juillet d'écrire des lettres. Je n'ai encore jamais évoqué l'entourage de Damon, ses amis, ses amours. Je ne l'ai pas fait car sans doute que notre personnage n'en voulait pas dans son histoire. Et bien qu'il eût vécut de fantastiques moments dans sa recherche de la solitude, Damon savait pertinamment que le véritable bonheur doit être partagé. Il voulait maintenant voir autres choses que des perspectives plongeantes et détourner ses yeux de l'abîme, car à force de le regarder, il s'y perdait.

Lettre à  Mélinée:

Chère Mélinée,

Tu dois sûrement beaucoup m'en vouloir de t'avoir laissée à tes pensées durant toutes ces années, que je ne compte plus d'ailleurs. Et avant que tu ne déchires ma lettre je tenais à te présenter mes excuses les plus sincères, celles pour lesquelles ma main tremble en ce moment. Je sais que le pardon ne s'accorde pas facilement et que le meilleur moyen serait l'oubli et la fuite, ce que j'ai tenté, en vain.

J'ose espérer que tu continues à me lire car j'ai encore une multitude de choses à te dire. Tu me manques, tes lèvres me manquent. Tu sais ce que j'ai toujours pensé de toi, même si je ne l'ai pas souvent montré. Je crois que j'ai pas besoin de te faire plus de compliments. C'est tellement plus facile de se mettre à nu dans une lettre, et à se laisser aller à des confidences. Je me suis souvent posé une question, dont je n'ai toujours pas trouvé la réponse. Vaut-il mieux être déçu ou que décevoir? Dans les deux cas, la situation est insoutenable bien que différente. Néanmoins, je pencherai plutôt pour le premier. On peut en effet décevoir et être déçu.

J'écris, j'écris et je ne m'arrête plus, comme une machine infernale, un automate qui pense. L'écriture m'a toujours sauvé de la folie, elle me stabilise. Je ne veux pas m'arrêter à quelques mots, à une citation ou un adage, qui sont pour moi éphémères, immobiles. Je cherche à découvrir de nouvelles formes, d'innover ma palette de couleurs et d'exercer mon esprit. Je parle encore de moi, et essaie comme un démené de te donner un semblant de raison qui m'a poussé à m'en aller. Et, j'en oublis l'essentiel de ma lettre, qui est simplement de savoir, comment tu vas.

Je t'embrassse

Damon

23 février 2009

Il se retrouve seul à nouveau, encore une fois.

Il se retrouve seul à nouveau, encore une fois. La solitude permet d'être avec soi-même et aussi de pas être avec les autres. Il se pose à nouveaux une multitude de questions, certaines fondées, d'autres insensées, la plupart non voulues, mais pourtant tellement nécessaires.

Et Damon se met à écrire, enfin, après des périodes de blancs et d'absence spirituelle. La première ligne, le premier mot, la première rature, et déjà il sent qu'il s'égare. L'écriture! ahh l'écriture. Elle remplit la page blanche pour la faire vivre, pour la faire mourir de ne plus être immaculée.

On pense tous qu'on est spécial, qu'on est différent, alors on observe, puis on analyse, et on finit par se rendre compte que cela est futil. Que sais-je au fond? je ne sais rien. Damon se répète ces quatre mots ridicules qui se suivent et s'en imprègne jusqu'à s'en angoisser.

Le jeune homme, qui n'a pas vraiment de visage, apprécie les hasards de la vie, les choses imprévues, tout ce qui semble non approprié, l'irréel.

Il s'assied à une table, tout seul, mais avec son café.

Qu'est-ce que vous écrivez?

Je vous demande pardon?

Votre texte là.

Oh, ça, je sais pas trop, c'est des idées, des pensées, des rimes.

Pour en faire un roman ou un poème?

Ecrivons-nous pour un but précis?

N'est-ce pas trop facile une conversation faite de questions?

Alors pourquoi vous m'en posez ?

J'expérimente la langue française.

Vous m'avez l'air d'être une femme très sensée.

Non, je ne le suis pas. Et vous l'êtes-vous?

Je ne le suis pas non plus.

Et Damon se rend compte qu'il sait qu'il n'est pas sensé.
Quel joie de savoir qu'il a un tel contrôle sur lui-même.











Publicité
Publicité
1 2 > >>
Il y a quelque chose de pourri dans ce rêve
Publicité
Publicité