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Il y a quelque chose de pourri dans ce rêve
10 avril 2008

Armé d'un livre, d'un crayon et d'une feuille,

Armé d'un livre, d'un crayon et d'une feuille, Damon se laisse immerger dans l'inspiration dès que celle-ci se présentait. Des tas de lignes de lignes et de lignes et que de mots qu'il mord comme un morceau. Saut dans l'écriture tant que ses cris durent, alors que sa plume, légère comme l'air, gère ses pensées sans commentaires.  Posé sur un rebord tel un oiseau au repos, le bec de son instrument picote doucement l'autre surface immaculée.

Etrange lumière sans matière qui m'attire,

M'attriste autant que m'aveugle, et que dire

Des songes amers, sans manières que j'évite.

Un temps translucide ombrageux. Tendre éclair,

Eclaire sombrement  ce visage, où aucune ride,

N'exprime d'émotions. Même pas en vers.

Lentement autrement, et -

[...]  Damon s'arrête soudainement. L'inspiration était partie. Il avait l'impression qu'elle courait presque. Il relève la pointe de la feuille brouillonnée et regarde encore l'inspiration qui a tourné au coin de la rue. Elle reviendra se dit-il avec quiétude. Elle revient toujours. Mais que faire si elle ne retrouvait plus son chemin ? Celui qui essayait de faire de la poésie se tourmenta quelques secondes mais se rassure rapidement. Si elle revient pas, il y a encore le non-sens qui est là. Et même l'automatisme est là. Mais pas l'habitude, à ne pas confondre.

Une odeur se ballade sous le nez du jeune homme. Un peu un mélange de poussière et de sagesse. Damon remarque un vieil homme assis à moins d'un pas de lui et qui lui offre son sourire, et en même temps sa sympathie. Les yeux imperceptibles de l'ancêtre invite l'écrivain à engager la conversation.

Bonjour.

Bonjour.

J'ai observé que vous m'observez.

En effet, j'observais vos mots qui s'étalaient.

Et que dites vous ?

J'en dis que les paroles que je connais, mais ce que je connais pas reste mystérieux.

Vous n'avez pas répondu à ma question.

Vous n'avez pas écouté ma réponse.

Au fait, comment vous appelez-vous ?

Je suis Victor Hugo.

Vous vous moquez de moi.

Je le redis, peut-être n'avez-vous pas bien écouté, encore. Je suis Victor Hugo.

Il est décédé.

Alors je dois être Jean- Paul Sartre.

Il est décédé aussi. Mais je me disais que vous lui ressemblez un peu.

Alors je n'ai pas de nom. Je suis personne.

Moi non plus je crois.

Les deux hommes se saluent et s'en vont, chacun dans une direction opposée. Damon se sentait bizarre car la discussion était bizarre. Il reprit la route. Le soir annonçait l'heure du sommeil. Damon s'installa quelque part au hasard et ferma les yeux. Encore une fois, il se laisse surprendre par ses pensées. Hugo disait que Les vrais grands écrivains sont ceux dont la pensée occupe tous les recoins de leur style.

Il repensa aux quelques mois auparavant, et se demanda s'il n'avait pas rêvé tout cet histoire d'accident. Cette idée de complot lui parut imaginée. Etait-il vraiment à l'hôpital ? ou était-ce encore un rêve? Plus le temps passe et plus il se dit que tout a été inventé. Il lui semble en fait que ce qu'il a cru vivre n'est autre qu'un récit qu'il a écrit une fois. Une histoire qui ne fut jamais terminée. Rappelons que Damon est écrivain. Sa tête commence à chauffer et il voyait subitement trouble. Sa cervelle donnait l'impression d'être comprimée et étouffée par toutes ces pensées. Pour éviter d'être secoué, il maintenait fortement son crâne de ses deux mains et se replia. D'où me vient cette démence ?? Je me demande si ma folie a toujours existé à l'état de base. Quelle en est sa raison ? La raison de la perte de raison. Mais Damon se dit qu'il trouvera la réponse un peu plus tard. De toute façon, la folie a toujours existé. Elle est même le moteur d'œuvres  artistiquement folles. Erasme serait peut-être même venu lui serrer la main.

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